COLLOQUES
Expo photo Caroline Nadia Brun
Les soins à domicile apportent du confort aux personnes malades, ils peuvent parfois être vécus comme une intrusion dans l’espace privé et intime qu’est le domicile. Le domicile est un lieu que la personne a investi, dans lequel elle a des habitudes, des souvenirs, des repères. Cet espace est devenu au fil du temps son lieu.
La maladie et les soins qui en découlent modifient logiquement l’espace de vie. Les équipes intervenant à domicile ont conscience de cela et le prennent en compte dans l’accompagnement qu’elles proposent. Les professionnels de santé et le grand public restent encore peu sensibilisés à l’importance du respect du lieu de vie.
Dans ce contexte, j’ai rencontré des personnes accompagnées par l’équipe de l’Estay Mutualité, équipe mobile de soins palliatifs, avec lesquelles j’ai réalisé des portraits photographiques au sein de leur lieu de vie. Les huit portraits que je présente ici proposent une invitation à être accueilli, à découvrir ce que l’intimité d’un chez soi vient figurer du lien symbolique entre soi et le monde. Il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’un témoignage par l’image.
Il nous rappelle la saveur toute particulière qu’est celle de vivre selon ses propres inspirations. On y perçoit également l’intention assumée de ces personnes à incarner leur existence et à transmettre un peu de leur monde.
Huguette
» J’ai eu mes enfants et j’ai beaucoup travaillé. Toute ma vie, dans les vignes. L’important, c’est les amis et la famille. je suis bien chez moi, je suis tranquille. »



Michèle
» J’ai du me battre contre ma famille pour aller à l’hopital. Peindre c’était ma vie, les traitements qu’ils m’ont donné ça m’a fait avoir des remblements, je ne peux plus déssiner. Ca m’a pris ma vie. J’aimais bien aller boire une limonade ou un diabolo au petit bar en bas. Ca fait six mois qu’ils ne m’ont pas vu. J’ai accèpté que vous veniez faire des photos parce que l’Estey m’a envoyé l’esthéticienne. »

Catherine
« Catherine, j’ai décidé de me créer mon petit monde ici. Mon monde, c’est miro, tout ce qui est contemporain. Cette statue, c’est la beauté d’une femme, sa modernité, ses couleurs, sa position féminine. Ce que je veux, c’est continuer de me laisser vivre. Ici, je suis bien, et depuis que l’équipe de l’Estey est passée me voir, je sais maintenant que je suis en sécurité. Je suis hypersensible, je sais ce qui va m’arriver. Je m’y attends, je m’y prépare. Et à la maison de retraite, je sais à présent que je peux finir ma vie tranquillement«



Nathalie
» l’hôpital, au bout de deux jours, il fallait que je sorte. Je supportais pas. Grâce à l’équipe à domicile, j’ai plus de relations avec ma fille et mon mari. On a plus une vie de famille. Mon petit chien, Nem, c’est mon mari qui me l’a offert. Ça me fait du bien qu’il soit là.«

Micheline
» ma maison, c’est le point sensible, le petit point d’orgueil. Cette maison, mon mari en a creusé les fondations, fait toutes les peintures intérieures, et toutes les deux, comme deux castors, en a fait notre maison. J’attends mon départ avec envie. Je suis bien chez moi, je suis seul, mais je suis bien. «



Géraldine
» je m’ennuyais de chez moi et de mes enfants.Enfin, mon chien et mon chat. Quand je suis sorti de l’hôpital, il y a deux mois, j’avais un paquet de matériel médical. J’ai fait des progrès depuis que je suis rentré. Un jour, je suis allé dans ma salle à manger et je me suis rendu compte que j’avais oublié mon déambulateur. Au début, j’ai eu peur, puis je me suis dit, si je l’ai oublié, c’est que j’en suis capable. Alors, je me suis accroché à l’évier et j’ai retraversé mon appartement. J’étais fatigué et fier de moi.«

Camel
» quand je l’ai acheté, c’était le mode d’avoir un living. Maintenant, les jeunes, ils veulent du design. Ce canapé, je suis bien, je peux m’allonger, je me repose. L’équipe, Estey, ils vont venir pour m’aider pour l’appartement. Pour la baignoire, un lit peut-être, ça sera bien pour moi. Vous voulez un café ? Ma femme revient d’Algérie, elle a rapporté des gâteaux.«



Jacques
« je pense que ce qui est le plus important dans l’appartement pour Jacques, c’est ce que je suis là. Quand je lui dis, on va au lit, il n’est pas content parce qu’il ne se souvient pas où est la chambre. Et à chaque fois, il dit, oh elle est bleue. Et il est content. Mais le salon, c’est plus son espace. Au début de la maladie, il m’a dit, tu peux partir. Et moi, je lui ai dit que je voulais rester. Il m’a dit merci. J’ai toujours dit non pour qu’il aille en maison de retraite. Avoir les soins palliatifs, ça m’a soulagé. Là, j’ai dit oui.

Tous droits réservés© C N BRUN
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